mercredi

Fin d'après-midi

A peine rentré à l'appart, Arno me rappelle. Son sweat est vraiment trop grand. Il me demande s'il est possible de l'échanger "tu comprends, là c'est plus la taille pour dormir avec que pour le porter. Je suis pas aussi carré que ça ! On peut se voir après mes cours ?"

Bien-sur c'est possible. On se donne rendez-vous près du Forum des Halles, et on procède à l'échange aussitôt. J'aime le voir traîner dans la boutique, regarder ce qu'il y a d'autre. J'aime aussi le regard bienveillant du vendeur qui a l'air de se demander quel type de relation existe entre nous deux...

Arno me demande : tu as un peu de temps ?
- J'ai autant de temps que tu veux.
- On fait un tour des boutiques ? Je voudrais te montrer des trucs.

Et nous voilà partis faire les boutiques ensemble, juste pour voir, pour essayer, pour passer du temps ensemble. Pour retarder le moment où il devra partir. Au hasard de notre balade, je lui offre une paire de Converse, qu'il trouvait super. Il proteste un peu, mais je lui répète que ce n'est rien, qu'il ne s'inquiète pas, que ça me fait plus plaisir qu'à lui. Il me fait un petit bisou pour me remercier.

Nous allons prendre un dernier café avant de repartir chacun de notre côté pour le temps des vacances. Nous sommes un peu graves. Je lui dit où j'en suis déjà dans le livre qu'il m'a donné quelques heures plus tôt.

En regardant Arno, je pense à un passage que je viens justement de lire, en venant...

"Tomas se disait : coucher avec une femme et dormir avec elle, voilà deux passions non seulement différentes mais presque contradictoires. L'amour ne se manifeste pas par le désir de faire l'amour (ce désir s'applique à une innombrable multitude de femmes) mais par le désir du sommeil partagé (ce désir là ne concerne qu'une seule femme)."

Je n'ai pas envie de coucher avec Arno. J'ai juste envie de dormir avec lui.

Au moment de nous séparer, A. me chuchote qu'il avait préparé un truc à me dire mais qu'il n'avait pas réussit à le dire. Qu'en tout cas, il tenait vraiment à moi et qu'il me remerciait d'être moi... Je suis ému. On se fait un dernier bisou et je le regarde s'éloigner en courant pour attraper une rame de métro qui sonne déjà.

Et ma femme dans tout ça ? J'ai aussi envie de dormir avec elle. Je le fais chaque soir. C'est un vrai plaisir de sentir son corps chaud contre le mien, sa tendresse. Elle sent bien qu'en ce moment je ne vais pas très bien, que je dors mal, que je suis déstabilisé. Elle ne me pose pas de questions. Elle travaille quelques jours par semaine en province, ce qui explique que je sois parfois libre le soir. Mais je vis mal cette situation. J'aime ma femme, je ne veux pas la faire souffrir, et j'ai vraiment besoin d'elle. Mais je ne peux m'empêcher de voir Arno. Si, 3 mois avant seulement, on m'avait prédit une pareille situation, je ne l'aurais pas cru...

J'aime Arno d'une façon différente de ma femme. Pas moins, pas plus, différemment. Pourtant, si je ne crois sincèrement pas que cet amour retire quelquechose à l'amour que je porte à ma femme, je sais que la situation est bancale. Je ne sais que penser en ce soir de décembre. Je vais essayer d'écrire tout ça et j'enverrai un mail à Arno, qu'il lira pendant ses vacances.

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