mercredi

Et tout d'un coup, la ville paraît vide.

Et voilà, Arno part ce soir chez ses parents. Je sais qu'il n'aura que peu d'occasions de se connecter sur Internet. Le livre qu'il m'a donné a son odeur. Malgré moi, j'entends le narrateur me parler avec sa voix. Je ne peux m'empêcher de faire des parallèles entre l'histoire du livre et notre propre histoire.

J'écris un mail à Arno.

Salut Arno,

Je n'ai pas encore fini de lire L'Insoutenable Légèrete de l'Etre. C'est un très beau livre.
Je ne peux bien-sur pas m'empêcher de penser à toi à travers ces lignes. J'y ai par exemple pensé lorsque Tereza va chez l'ingénieur "juste le temps de découvrir ce que ça fait de s'avancer jusqu'à la frontière même de l'infidélité". Quand l'angoisse monte, qu'elle retombe avec la découverte de petites choses qui font partie de son univers et qui le rendent étonnamment familier. Quand Tereza ressent qu'elle est sur le fil entre l'amour pour ce quasi inconnu et l'étonnement de découvrir cette partie d'elle même qu'elle a rejeté jusque là.

J'aime aussi beaucoup la construction formelle de cette écriture, faite d'allers - retours entre différents points de vue d'une même histoire, de mêmes événements (ce que j'avais aimé dans le film Elephant dont on avait parlé une fois).

J'espère que tu peux lire mes mails.
Je t'embrasse
Vraiment
Je pense à toi
Tu me manques

Chaque matin - que dis-je... chaque heure ! - je vérifie si Arno m'a répondu, m'a laissé un message.

Mais mon PC est désepérement silencieux. Pas de "ding dong" qui voudrait dire "vous avez un message". J'ai un peu froid.

Quelques jours plus tard, je lui renvoie un nouveau message.

Cette nuit, tard.
Juste un petit mot avant d'éteindre la lumière.
Si je n'ai pas dormi ce soir, ce n'est pas à cause de toi, mais grâce à toi. Je viens de finir l'Insoutenable Légèreté de l'Etre.
Merci
je t'embrasse

Et le temps passe.

Silencieux.

Poisseux.

Toujours.

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